Décidément le virus fait des émules! On s'en serait d'ailleurs bien passé mais bon c'est la vie! Le coureur à pied a muté de longue date en runner. Un variant virulent et vraisemblablement contagieux!
Auparavant était la course à pied et l'athlétisme, sa mère. Puis, par des médiations complexes et progressives, la marge est devenue un phénomène de société ... Un effet boule de neige ... Le runner déferlait dans nos rues, nos parcs et nos trottoirs, et avec lui cohorte de nouvelles attitudes et habitudes.
Les stakhanovistes de la société libérales étaient nés ... La mutation du californien blond platine en short moule paquet en runner standardisé world wild se propageait dans les sociétés post-industrielles moribondes et comblait les vides existentiels névrotiques.
De nouveaux consommateurs compulsifs et dociles aux sirènes des promesses vaines gesticulaient bientôt sur les réseaux sociaux dédiés, drainant une foultitude de clones en concurrence sur le marché du pouce bleu ...
Délié de la performance et/ou de la pudeur, ce variant contaminait les foules dans un tsunami de pathos presque mortels pour le commun. Les membres zélés des groupes @facebook comme autant de cas positifs à l'impudeur.
Une poignée d'irréductibles se maintenait néanmoins hors de ce terrorisme sociétal en tentant de courir vite, longtemps, simplement ... Le gout de l'effort matière première de l'objectif en vue. L'humilité et la pudeur en plus ...
Désormais bouffon d'un Roi Absolu Running, le runner décliné 2.0 (gesticulant sur les réseaux sociaux) désormais 3.0 (exigeant la reconnaissance sociale via ses gesticulations) et même 4.0 (le pionnier du nouveau monde se vante alors des effets délétères de sa "pratique" sur sa santé mentale et physique dans une parfaite illustration de l'inversion des valeurs) est le satellite sans orbite de l'astre bien-être. Un astre mort ...
Dérivant vers un trou noir glouton, parviendra-t-il a muté in extremis vers son Salut?
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