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EPOQUE .: Le Runner est-il ce Héros des Temps Modernes ?

Ou plutôt zéro?

Le Runner est bien souvent un sportif régulier et assidu, stakhanoviste parfois, toujours passionné. Si bien que parfois il en fait trop ...




Parfois aussi, il a l'impression de verser dans l'exploit, ordinaire ou pas, pour pas grand chose, ou trois fois rien.


Comment le Runner moderne, dit aussi 2.0 comme imprégné de réseaux sociaux et de numérique, gère et envisage-t-il sa place dans son contexte?

N'en fait-il pas trop? S'invente-t-il des mérites et des vertus? Déborde-t-il? Et quels sont ses vraies qualités?

Éléments de réponse ...


Et c'est vrai que pour le "non-coureur", le runner inspire quelques admirables chapeaux bas! Célestin n'hésite pas à courir sous la pluie ou à se taper 42 kilomètres et des brouettes un dimanche matin glacé! Le runner est un être à part! Un mutant extra-terrestre malgré sa foulée terre-à-terre pas vraiment aérienne ...


Qui de nous autre n'a point été raillé de bonne guerre par sa passion tout en étant plus qu'implicitement salué pour son courage, motivation, folie et toute autre déclinaison des qualités qu'il faut avoir, vu de l'extérieur, pour courir comme des chiens fous ....



Oui, mais ...


A force d'être littéralement commémoré, le runner finit souvent, du moins parfois, par déraper, à sortir de l'orbite de l'humilité et de la pudeur, et là c'est le drame.


Gildas, modeste runner SUB5H et 49' sur 10 bornes, a carrément pris le melon sur les réseaux sociaux à coup de selfies et de pathos #NoPainNogain ...

Jean-Célestin ne rechigne quant à lui jamais à courir sous la pluie, sous la neige, le vent et le froid. Le dimanche matin, il s'évade de la prison dorée et confortable de son lit pour fuir 30 km en cavale sur les sentiers périphériques, poursuivi par la brigade du running 2.0 en transe ...


Gildas quant à lui, court tout les week-end. Il empile les trails, les courses natures, les 10 bornes, les semis et taquine du marathon 1 ou 2 par année!


Géraldine, elle, court malgré les bobos ici et là! Rien de bien grave certes, mais des douleurs qu'elle surpasse selfie-pied à l'appui, et pathos à hashtag. Comme pour conjurer ce mauvais sort ...


Ignace, de son coté, court de plus en plus. Il enquille les bornes comme vache-qui-pisse! Il est récemment devenu "cent bornards"! Une consécration pour lui, l'ancien enrobé (il publie régulièrement des avant/après sur les groupes running pour "motiver les autres" et à "faire prendre conscience que rien n'est IMPOSSIBLE" comme il aime à le dire. Pouces bleus et pathos garanti ...). Il rêve secrètement d'UTMB avant ses 40 ans ...


Pascal a su dépasser son rapport "égoïste" à la "CAP" en créant, et fédérant une communauté running gravitant autour de ... lui seul!


Chacun court après son but, ses aspirations ... évasion, revanche ou plaisir. Le runner retrouve néanmoins chez le runner un dénominateur commun: le plaisir. Plus ou moins ... Derrière le runner, un individu et sa complexité.


Cette relation intime, charnelle même, entre le runner et le running, est hélas pourrie de l'intérieur - et ça se voit à l'extérieur - par l'Ego et le dogme du paraître. L'Homme ,anonymisé par la société individualiste et formatée, est un être pathologique, surtout dans les grandes villes ... Si bien que cette bouffée d'oxygène sportive s'est muée en aliénation saturée d'oxydes ...


Face à cette névrose qui vient, le runner s'adapte.


Décomplexé par l'usage impudique, systématique et anarchique (sur le terrain cognitif, éthique et moral) des réseaux sociaux, le runner 2.0 va devoir fabriquer un système dans lequel il est l'astre de référence.



Plusieurs méthodes ...




Le selfie post-séance avec cascade de #, pathos et capture garmin


Un grand classique du runner qui se sent important au point d'avoir assimilé que le Net n'attend que son charabia pour respirer. Regardez moi, tout va bien, semble-t-il éructer à la communauté running 2.0 ... comme hier et comme demain. Il court désormais après les pouces bleus. Tu parles d'une libération ...



Courir pour la bonne Cause


Las d'être tancé par le résidu de bon sens qui trainerait encore dans le secteur, le runner se fait parfois ambassadeur d'une association - ce qui est louable a priori - pour mieux pouvoir se mettre lui-même en avant. Incritiquable de fait, il en profite comme un farfadet. A quand la création de sa propre association dont l'objet sera lui-même?



Borner comme un malade


Pour épater le chaland et passer pour un guerrier, warrior ou pour la fameuse MACHINE, le runner névrosé peut envisager le bornage frénétique. Il en faut du courage pour se taper 50 km un dimanche matin ... à 6'35" du kilo. Ici, l'allure ne compte plus, c'est la quantité qui prime et impressionne. Et ça marche. Tu serais capable de les faire toi, répliquera-t-on au zélé contestataire? Réponse: non. Pas que ça à foutre!



Courir malgré la blessure


Un grand classique - le fournisseur officiel des paragraphes suivants - du runner en quête d'épaisseur malgré sa carrure de carrelet. Alibi pour le sursaut de compétitivité en lui, la blessure permet en outre de prendre la posture du dur au mal! pratique.



Le selfie-pied "impressionnant"


La blessure et le selfie réunis en UN! Le marketing décliné au running 2.0!

Le selfie-pied s'affiche après une sortie ou en SAV du rendez-vous chez le médecin, du kiné ou des ... urgences. Souvent appuyé d’une remise en cause des prescriptions médicales, ou d'une recherche de biais de sélection pour achever de se convaincre de reprendre plus (trop) vite! Une touche de pathos pour emballer l'affaire comme une chaussette et le pouce bleu est garanti!



Le récit de course dantesque


Martial aime courir, on ne lui dénie pas ce point, non. Mais qu'est-ce-qu'il tartine! Son récit de course - un dix bornes en 47'45" - étalé sur toutes les pages running que compte les réseaux sociaux est malaisant. De ses dernières selles aux larmes de la finish line, tout un pathos mêlant impudeur scatophile et sensibleries niaises s'enchevêtrent dans une confusion confondante. Une façon de s'ériger en héros de lui-même, mais à la face d'Autrui, comme un mauvais livre ouvert qu'on nous forcerait non pas à lire, mais à voir!



Le menteur


Pour passer pour un héros aux yeux des autres, car il s'agit désormais de cela, le runner peut s'inventer une grandeur. Si le runner à pathos interroge, le runner menteur inquiète. la pathologie est ici lourde! Trafic de données strava affiché en toute fausse modestie pour attirer l'attention d'une foule numérique médusée (quoi qu'elle ne comprenne souvent pas grand chose aux concepts d'allure et de chrono références sur distances), récit d'une préparation aux petits oignons pour LE grand objectif de l'année ... Et pourtant, la base athlé du site de la FFA est formelle, Jean Run est inconnu au bataillon des performances solides!



Last but not least: Violer l'empathie de la communauté


C'est un peu une synthèse de tout cela. La communauté running 2.0 des réseaux sociaux est plurielle. Néophytes, solitude, bienveillance, positivisme ... et opportunistes influenceurs ...

Distributeur de pouces bleus et de petits mots, les réseaux sociaux se font l'écho du runner en quête de reconnaissance de substitution miraculeusement trouvée dans la pratique 2.0 du running. Courir ok, mais il faut le faire savoir. Le piège de la quantité piège l'âme fébrile en proie aux doutes. la bobologie chronique est souvent au bout du virage. mais les maux sont également psychologiques et cognitifs! Noyé dans un peloton de semblables en proie aux mêmes maux, le runner sous contrôle de l'ego devra en faire toujours plus pour se démarquer. Abolition de la pudeur et de la raison. Courir blessé, courir trop, courir mal, courir à poil ... c'est la surenchère. Quand certains quittent le train en marche avant de dérailler certains appuient plus fort encore sur l'accélérateur, encouragé par un public abstrait qui ne t'observe qu'en surface. Le malade ne reconnait pas le malade et c'est ensemble que vous creusez votre petite mort.


L'aspirant héros, guidé par son ego, devient ainsi zéro.

Le running demeure de la course à pied. La récompense, c'est la sueur et les secondes (qui finissent par faire des minutes) de gagnées à coup de séances qui cognent. C'est le petit sprint sur la fin de course avec un gars que tu checks, les potes que tu te fais le dimanche à force de les croiser en short sans savoir qui ils sont la semaine ...


Les réseaux sociaux ne sont qu'un outils, utiles, annexes et périphériques à cela. Les héros n'existent pas sur Internet.



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