MOTIVATION # Après quoi court le Runner moderne ?
- Le Joggeur Qui Râle
- 4 déc. 2018
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 25 janv. 2022
La course à pied, c'est populaire parce-qu'on a besoin de deux fois rien pour la pratiquer! Cette rengaine a longtemps composé le paradigme frelaté (?) du running pour tous ...

Oui, mais non! Si en effet on peut matériellement courir et gambader muni d'une simple paire de chaussures, d'un short et d'un t-shirt à 4e de chez décathlon, la réalité est différente ... Le coureur à pied, devenu runner, traîne désormais derrière lui une véritable remorque pleine comme une hotte de fin d'année ... Après tout, il est loisible à chacun de s'autoriser quelques conforts ...
Si le marketing ne court pas assez vite pour marquer exhaustivement la populace, le neuro-marketing quant à lui supervise l'uniformisation du running cognitif sans suer!
Le runner "historique" est doucement rattrapé par le Progrés (pour le Meilleur et parfois pour le Pire) quand le reste de la Plèbe est sommée d'aller courir et de consommer pour ce faire! L’œuf ou la poule? Qu'importe, le renard du temple est omnivore ...
Et toi, cours-tu plus vite que les marques?
"Bah quoi on ne va pas courir à poil!" ... rétorquent les bienpensants au Torquemada LJQR! Calmez-vous, vous allez donner des idées aux organisateurs de courses-évenements onéreuses en quête de créneau! Vous faîtes une fois encore semblant de ne pas comprendre le propos. L'égo et le confort de l'aliénation n'aiment pas le chahut! Non!
Pour épargner les esprits simples, un plan en deux parties!
Je cours pour consommer ...
Ici réside la face alibi du running pour le consommateur compulsif, passif, aliéné et finalement docile aux injonctions du marketing désormais décliné neuro ... Las des boutiques des centres villes et des centres commerciaux - Géraldine dit parfois "mall" pour sur-jouer sa branchitude américanisante entre deux vintageries bistrots français - le running offre un nouveau monde, un eldorado et ses codes à défricher. C'est bien légitime.
Le néophyte ne restera pas longtemps démuni face à l'embarras des choix et des références puisqu'il sera guidé par son réseaux vers le hype et le fashion! Géraldine est du genre à partir loin dans l'exotisme touristique, mais toujours en 5 étoiles! Le camping sauvage c'est juste pour la photo et le publipostage 2.0!
Les vieux réflexes de consommateur du quotidien donc du samedi reviennent à grandes foulées pour fracture la cheville ouvrière du game: le portemonnaie! Toute une garde-robe à refaire, des pieds à la tête, outre les gadgets et dérivés high-tech ... une blind!
Tout ce qui brille ...
Géraldine invoque les vertus sociales et physiologiques de "sa" nouvelle passion pour mieux caresser dans le sens de son poil épilé au laser sa conscience d'ogre mercantile et bientôt superficiel. Je cours pour acheter et donc pour paraitre ... Le running une occasion de s'afficher? Sans doute un peu pour tout le monde ... pour elle surtout. Pour lui aussi, Géraldine se décline au masculin. La parité commence d'abord par le bas! Et on ne parle pas ici que de shorts et de chaussures!
Comme vous pouvez l'imaginer, sitôt lasse de ses nouvelles exaltantes habitudes de consommation mollement greffées à une pratique sportive, Géraldine changera de crémerie et s'intéressera par exemple à la littérature pour pouvoir acheter des collections de la Pléiade sans les lire ...
Au fond, ces individus font courir le commerce plus qu'eux-mêmes #EmpreinteCarbone !
... ou je consomme pour courir?
Difficile d'y échapper! Tout est ici question de mesure, et de Raison. Des qualités rognées méticuleusement et neurologiquement par le marketing! L'essentiel et un zest de confort suffisent mais ... non!
Une paire de runnings, des chaussettes, un short et un collant, un maillot et un dessous pour quand il faut froid, une montre .... puis un casque bluetooth pour embarquer avec soi sa musique de merde tout en clamant l'évasion et le chant des oiseaux comme vertus #1 du running, une casquette, des lunettes d'aviateur, des gants, de la compression en veux-tu en voilà, des gels, de la nutrition sportive, l'abonnement à pravda-running mag' et qui sait un coach agité ... le runner compulsif évoqué plus haut a de quoi faire! Mais toi, plus simplement runner "authentique", comment le vis-tu?
On ne s'habille par pareil l'hiver et l'été ... et à moins de faire une coupure hivernale (variable selon les années, les régions et latitudes), difficile de ne pas "doubler" son équipement! La monte GPS hors de prix même en promo (renouvellement des gammes par les marques permettant les soldes perpétuelles sur les modèles "désuets") est un gadget aliénant souvent, mais fort utile pour qui sait l'exploiter, et motivant!
Le marché du running est mûre .. et la godasse décente gravite autour des 100 astres! Et puis y a la godasse pour le trail, pour le cross, pour l'entrainement, pour la compétition, pour la piste, pour le 5km, pour le 10km, pour le semi et pour le marathon ... et même pour le 100km n'est-ce pas Pascal? Il faut admettre que les modèles ont des qualités propres, au-delà même du vent du marketing ... si!
Et nous avons aussi le para-médical et le médical. K-tape, semelles, séances chez le spécialiste du pied, de l'os etc etc ... le runner 2.0 qui aime faire son original dans la foule de ses semblables se délectera d'annoncer ses 10 séances chez le néologismologue ... selfie à l'appui!
La perche-à-selfie et le déguisement composent aussi l'attirail marchand du coureur à pied qui borne pour de vrai ... mais nous n'épiloguerons pas, ici, sur ce phénomène lui rattrapé au train par le running business.
Le clivage se cristallisera in fine surtout autour de l'axe - celui qui consomme running sans véritablement courir tout en clamant le pathos esprit running - et - celui qui consomme pour pratiquer son trip dans le confort et le petit plaisir mais qui borne en vrai et s’attelle à progresser et surtout à prendre du plaisir en courant (plus qu'en consommant, même si, calme toi, ça fait toujours plaisir de recevoir une nouvelle paire of shoes!) ...
Le running se consomme aussi comme un spectacle sur les réseaux sociaux, où chacun aime se mettre en scène pour s'offrir en homme sandwich à l'autre.
"Quand c'est gratuit, le produit, c'est toi!"
Reste le CamelBack et les bâtons de trail pour le baroudeur peri-urbains spécialistes du 12km 250 D+ ...
Le Joggeur Qui Râle
Comments