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FLEMINGITE du Runner 2.0: Faut-il en avoir honte |LJQR

Dernière mise à jour : 2 nov. 2020

Le runner 2.0 aime afficher ses stats, sa motivation et sa face en selfie sur les réseaux sociaux. On le sait tous déjà trop bien. Comme drogué à la reconnaissance numérique, le runner 2.0 ne sait plus courir sans cela, et comme cette drogue est addictive pour l'égotripé en puissance, il est difficile de s'en passer ... Addiction!


Reconnaissance pléthorique et facile donc, quand tu cours et affiche ta lenteur encouragée par la bienveillance souvent vulgaire, pavé d'un enfer physiologique et anatomique à terme . Le runner 2.0 en vient à courir claudiquant ou grippé pour avoir droit à sa dose quotidienne ou quasi de shoot synthétique. Ainsi, le runner 2.0 traîne parfois sa carcasse à la recherche de drogue numérique, un vulgaire toxico 2.0. Triste.

L'endorphine fait bien maigre effet à coté de la notification, de l'émoji, du hashtag et du bon mot pourtant souvent creux récoltés sur le Net après une sortie pluvieuse. 

Meurtri des suites d'une overdose de reconnaissance factice  numérique (la fracture de fatigue numérique), ce mardi tu n'as pu et su t'arracher à ton sort. Cruauté, tu n'as pas pu courir ... Adieux debriefing, selfie et slogan motivant à l'adresse de ton public, de ta communauté anonyme ... adieux le shoot numérique, pas de fix de likes, pas de ligne d'#, pas de cacheton de commentaires ... Sevrage drastique en vue?

Non!


Le runner 2.0 sans ressource physique pour courir saura mobilier des ... ressources numériques pour accéder à son péché mignon: la reconnaissance numérique. L'égo de ce spécimen éduqué en série est un ingénieux mâlin. Diablotin qui ouvre les boites de Pandore comme le runner 2.0 ouvre en mode unboxing une boite de nouvelles runnings!


Recycler le vieux pour faire du nouveau 


Besoin de reconnaissance numérique sans courir? Impossible n'est pas runner 2.0 serions-nous tenté de scander avec une candeur condamnable dans la forme, et le fond! Qu'importe ...

Le runner 2.0 a une publication référence qu'il admire de temps en temps, dans la solitude de son repos sportif hivernal et/ou médical ... cette sortie mémorable grevée de selfies réussis, alliant courage, force et détermination (non pas la vitesse, surtout pas la vitesse!). Ces centaines de likes, ce roman de commentaires, ces emojis charmants ... l'époque d'une certaine gloire pour toi, avoue! Nostalgie.


Coincé devant ton mur social comme un tox' devant une seringue désespérément vide d'illicite, tu égraines comme un chapelet ces grands moments de ta vie ...

Astuce de l'égo en manque, tu nous ressors cette pierre en guise d'hameçons. Le poisson mort, non le poisson mord et ton réseaux social fume comme un saumon. Ouf, sauvé, tu as ta dose. Ta gloire d'antan t'a pourvu en reconnaissance quotidienne, actuelle résurgence du passé. Ceux qui ne te lisent pas te likent, ceux qui te lisent à moitié te félicitent pour ta sortie, et les plus fidèles - eux aussi nostalgiques du passé - caressent dans le bon sens ton spleen. L'occasion ceci dit de constater que depuis cette époque ressortie des cartons, tu n'as pas vraiment progresser ... courir lentement pour courir plus vite et sa limite!



Se faire plaindre pour compenser


Pas de référence dans le passé ou tout simplement las de faire du neuf avec du vieux - sursaut de self-esteem - pas grave, ton "moi je" intérieur a ce qu'il faut pour gratter de la vraie reconnaissance fraîche, en forme de bon gros pathos de surcroit.

Arguer d'une gêne, d'une blessure, en y mêlant naïveté et jargon technique glané sur la toile, astuce idéalement calibrée pour faire chauffer la runningosphère et ses experts ès-bobologie. Consultation gratuite par ces bénévoles, eux aussi en quête de reconnaissance, dans un autre registre. Les Docteurs Knocks pullulent chez les runners du Net. Les Docteurs Lulus aussi du coup, les diagnostics hasardeux pleuvent, tropicales averses, les cancers de la malléole côtoient l'essuie-glace sur pare-brise sec, quoique très sale. Le malade imaginaire ou réel attire les spécialistes de tout bord (du "j'ai un collègue qui a eu la même chose, il a recouru 2 semaines après" .... à l'ex-etudiant de première année de médecine retriplant finalement reconverti en fac de géographie ...). Les appels à la prudence, à la raison, seront ignorés et ses auteur bâillonnés symboliquement. Touche pas au grisbi ...


Le grisbi ici, se faire plaindre, se faire choyer par du vide. Les slogans mous pleuvent ici encore. "Courage", "tu reviendras plus fort.e" sont les nouveaux poncifs obligatoires, des classiques qui comblent quantitativement le runner 2.0 en manque. Pour la qualité, de longs commentaires en forme de journal intime, des extraits de vies, en tranches qui permettent à ses auteurs de raconter leur vie triste similaire d'éternels estropiés  ... Si Nadine a récolté des notifications Facebook avec sa morosité, Vincent en la réconfortant a saisi lui aussi l'occasion de se faire mousser. Il s'agit d'un trou noir socio-cognitif ... l'entrisme du bas, du très bas, des "bas fronts".


Qui se ressemble finit par s'assembler, et qui s'assemble finit par se ressembler. Synergie. Le mur social du runner 2.0 addict à la reconnaissance factice 2.0 ne draine majoritairement que son semblable décati. Du likeur systématique - lequel exige implicitement le renvoi d'ascenseur - à l’opportuniste en quête double de situations à raconter son "vécu" plus le SAV "conseil précieux  d'abord, puis de cueillette de notifications. Paresseux, ces deux rassemblés au milieux de multi-réunis, font l'économie de la fourniture de contenu, de neufs, de visés, d'opportuns ou de précieux, ils se démarquent par la recherche d'un ratio reconnaissance/médiocrité hors concurrence.


Hélas, le runner 2.0 ici dépeint préfére malgré tout semer du selfie post-séance, du debriefing moribond que du réchauffé ... Il courra donc malade, blessé et ne se soignera jamais, flottant comme du bois mort entre blessures et demie-forme relative. Il entretient ce faisant une quête misérable à coup de sorties lentes, de sorties blessés, de non-sorties et de nostalgie. Il alimente la poubelle socio-cognitive du Net, gavant les charognes opportunistes. Une usine à gaz du recyclage du médiocre et du vain.

Pour le tri-selectif, trois bennes: FB, Insta et Twitter.

Bon tri.

Le Joggeur Qui Râle

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