WTF.: Courir avec des lunettes de soleil quand il n'y en a pas
- Le Joggeur Qui Râle
- 28 nov. 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 mai 2022
Quand il fait beau, ok on veut bien, et encore! Pas besoin de frimer non plus, car c'est en cela que tu nous agaces. La pollution visuelle se relativise somme toute facilement ... mais en ce jour d'automne, pourquoi?

Excès de matériel
La course à pied, c'est finalement pas mal d'équipements. Plus ou moins utiles d'ailleurs quand on sait qu'une paire de runnings un short et un t-shirt suffisent. Mais voilà le marché a horreur du vide et il faut avouer que certains matériels flattent l'égo et parviennent parfois même à être utiles. Votre serviteur lui-même cède parfois aux sirènes de l'achat presque compulsif ...Mais l'excès en tout est un défaut, et ici, nous n'aimons pas les défauts car nous aspirons à la Perfection ... chemin de croix n'est-ce-pas. Surtout pour toi il faut bien l'avouer.
Montre GPS et son armada de données ésotériques, runnings bariolées de chez Nique, textiles techniques aérodynamiques, compression de chez compression, les occasions de flamber sont.
Insuffisant cependant pour quelques uns de nos comparses de course à pied.
Certains éprouvent l'impérieux besoin de se démarquer du peloton. Pas leurs performances? Oui, parfois. La performance ne s'achète pas! Il est beaucoup plus confortable de s'acheter une identité. L'été, ils sont nombreux à s'afficher avec les lunettes de soleil de sport profilées. Ça donne un air de winner ... l'impression est souvent vite déchue. Le soleil composera un alibi recevable. Là n'est a priori pas le réel souci.
Jour de pluie et ciel couvert
Nos griefs trouvent ici leur terre d'élection. Si nous vous supportons en été de bonne grâce comme publicité ambulante, il nous est beaucoup plus intenable de jouer les tolérants quand le ciel ne sourit pas! La météo nous rendrait-elle grincheux? Ne te lance pas dans la psychologie de comptoir pour nous juger, por favor!
Outre les modèles non harmonieux venant barré un minois sympa, ce qui jure le plus c'est la lunette de soleil sur temps gris. Le plouc m'as-tu-vu roule la capote ouvert (et musique à fond) sous la pluie, la tyrannie auto-appliquée du "moi je" ... que se passe-t-il dans une tête à ce moment précis? Nous recherchons des pistes de psychologues non politiquement correct pour poser des hypothèses en forme de parpaings.
Folie ou matérialisme gras?
Le culte de la possession se fait quantitatif. Le runneur dévoyé se doit d'afficher son opulence mercantile. La course est une occasion en or de s'afficher ... et pour cela, le consumériste docile s'équipe, ostensible. Il a un message à faire passer. Il en est. Son apparence et son look ont été mandatés pour parler en son nom pendant qu'il court et gesticule. Grotesque en temps normal, ce biais très "je suis fragile au fond de moi" montre ses limites face aux éléments naturels. Les lunettes de soleil quand il pleut ou fait temps gris est une des curieuses apothéoses de la destruction cognitive induite par le marché omniprésent. Cette aliénation, cette impossibilité pour notre cher ami de faire quelque chose sans le reléguer instantanément comme prétexte à autre chose.
Tout n'est que prétexte à s'afficher, le néo-ringard matérialiste ne vit pour ainsi dire plus sa vie pour lui. Il s'insère dans des représentations dans lesquelles l'objet est un décodeur. Porter des lunettes de soleil quand il fait gris, c'est être malade. C'est ne plus s'appartenir, n'être plus qu'un reflet dans un miroir qu'il ne sais même plus regarder.
Entre l'effort et l'acte d'achat, le néo-ringard va systématiquement au plus facile: l'achat.Il achète donc, et niveau "comment épater les cons avec de la quincaillerie" il s'y connait, il vise juste pour impressionner sa cible. Homme sandwich, il impulsera des désirs d'achat chez ses congénères. Vedette (supposée) sans se mouiller, il draine quelques êtres identiques dans les pelotons. Une pollution de plus après les runners déguisés.
Que faire?
Prôner la tolérance et ne pas réagir, au nom de la liberté individuelle ... mou. Porte ouverte à d'autres dérives. Se foutre, ouvertement ou subtilement, de la gueule de ces uluberlus ... rire est une solution utile. Prioritairement, battre ces ringards (attention certains galopent malgré tout, ils n'ont peut être pas la tête mais ils compensent parfois avec de la jambe) avec panache, indispensable. Enfin et surtout, ne pas succomber aux charmes fourbes de la médiocrité, pas de lunettes en automne.
Le Joggeur Qui Râle
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