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BURN-OUT .: "Cette fois-ci j'arrête le Running ..."

Dernière mise à jour : 3 mai 2022

Parfois on gamberge des jours et des jours sans savoir prendre une décision ... Parfois, plus rarement,  c'est sans crier gare que l'évidence se fait jour! 


Ce matin en chaussant mes runnings, je me suis demandé pourquoi ... vertige et amertume. Les images défilent comme dans un scrolling fou ... le souvenir des merveilleux moments partagés avec la Communauté des runners au grand cœur n'y change rien. KO debout, j'ai remisé mes runnings dans un  placard, sagement, sans un bruit et sans éclat. Demain, j'irai faire don de mes maillots #Finishers auprès de l'association de Régis ...



Burn-Out du runner : mode d'emploi

Ci-dessous, notre testament olographe, livre grand ouvert de nos turpitudes d'ex-runner tout juste uploadé 3.0 avant le bug!


Pas évident de coucher sur le "papier" ces drôles d'impressions ... mais nécessaire. Nécessaire de le partager avec vous aussi! "Moi je" oblige et sensibilité contemporaine!



Genèse


Au début je courais de progrès en progrès, un monde de performance et de podium s'offrait à moi, le temps se chargerait de dégager la route de ces masses de runners lents exubérants devant moi. De course en course, de progrès en progrès, j'étais persuadé de côtoyer un jour les meilleurs, au-delà même des courses au saucisson ... star locale était une costume déjà trop étroit avant même l'avoir enfilé! Ambition et ...déraison. Fier de ces progrès exponentiels, j'exhibais tout azimut sur la Toile mes chronos, CR de mes séances, mes classements pour l'heure encore modestes, mes récits de course passionnés et passionnants. Les limites sont faites pour être dépassées, j'enfonçais les portes à moi grandes ouvertes de la gloriole ...

Après six saisons sans la moindre victoire, j'en venais désormais à jalouser "ceux" qui galopent et trustent les podiums, qui se pavanent sur les réseaux sociaux paniers garnis et sourire affichés! Je finis par soupçonner ces usurpateurs de triche, ces utilisateurs de poudre de perlimpinpin à l'IMC régime sec! Le manque de modestie de ces starlettes jetée à la tronche des modestes laborieux du running dominical en forme de croche-pied! Je trouvais  salutairement réconfort auprès de ces superbes communautés de runners du Net! L'esprit running délié de la performance brute! L'esprit avant le diktat du chrono ...

Et puis merde, j'ai tout fait comme il fallait, comme ils disaient. J'ai couru lentement pour courir vite, en vain! J'ai acheté les chaussures qui vont vite à 200e comme ils disaient, entorse! Je me suis abonné à jogging intergalactique et j'ai consommé les produits vantés sur papier glacé, appliqué les programmes et les régimes vantés en couverture, encore échec!


Fracture de fatigue numérique

J'en ai marre de poster des photos de ma malléole violacée, bref je me blesse tout le temps! Au début j'avais l'impression d'être un guerrier ... courir blessé ne pouvant résister à l'appel du grand air et le poster sur les réseaux sociaux. Jackpot garanti ... la gloriole claudicante 2.0! A force de m'aligner sur les bilans kilométriques de la runningosphère - ou le plus grand concours de bite du monde mensuel - mes articulations rouillaient malgré l'huile narcissique généreuse de mes semblables. Entorse, fracture, plaies diverses et gamelles ... un CV long comme mon bras sous compression et ...compresses! Une galerie des horreurs, le selfie exposé comme chefs-d’œuvre universelles; je supine, tu pronates, il universalise à grande foulée dévissante! La consolation de notifications compassionnelles, de pouces bleus et de cœur en réponse à mes ecchymoses m'insupportent désormais ... tas de cons mielleux!


Tout équipé - all inclusive - Hoka et compression, lunettes et blue tooth, bâtons et frontale, nutrition et littérature, le tout saupoudré avantageusement de #NoPainNoGain ... pour au final claquer plus de tunes que de chrono! Tout ça pour ça ... le piratage de compte bancaire est une course sans fond pour le coureur de fond ... J'ai l'impression d'avoir été berné par ces promesses sur papier glace, par les youtubeurs pouacreux sous sponsoring et code réduc'! Au-delà même de la performance et de l'utile, mes achats compulsifs ne me comblent plus, ne me rassasient plus comme avant! Je consomme sans conviction, je suis un zombie consommateur guidé par les estampilles, les codes promo, par le marketing le plus grossier, par les promesses les plus vaines! Outre ma bobologie constante, j'aime aussi partager sur les réseaux sociaux mes petites emplettes runnings ... posé avec mes dernières nike vapor fly par exemple. J'étale mon pouvoir d'achat et anticipe mes prochaines performances stratosphériques! La frime sans suer! La déprime s'en suit! Les promesses n'engagent que ceux qui y croient! Moi en l’occurrence. Le matérialisme et l'impudeur m'ont trahi après m'avoir fait les poches! L'arnaque gagne toujours au sprint. Je ne trouve guère d'enthousiasme désormais à poster mes états d'âmes, mes motivations, mes coups de mous etc etc etc sur la runningogosphère. La reconnaissance que j'en retire est un leurre interchangeable, impersonnel, automatique ... je ne suis qu'un semblable au milieu de kilo-autres ... bref, je suis comme tout le monde à gesticuler pour être singulier. Quelle désillusion! J'ai la nausée quand je réalise avoir étalé ma vie extra-sportive sur ces réseaux sociaux du running, grand forum de l'égo cacophonique ... je réalise que je servais de mes semblables pour me renvoyer de la reconnaissance, miroir, sans véritable considération pour autrui ... je te like tu me likes mais on ne se lit pas, on ne lie guère plus ...


Souvenirs artificiels

Hier, je suis retombé sur toutes mes niaiseries selfisées postées sur le web running 2.0: j'ai vomi sur mes nikes epic react neuves! Ma bêtise immature est gravée dans l'infini numérique à jamais! L'Homme de Vitruve expédié dans un trou noir cognitif! Ma pierre poreuse à l'édifice ... Bref, mes performances stagnent et ne comblent pas mon égo compétiteur et je n'ai pas la foi de m'entraîner davantage! Le palliatif 2.0 a trop vite épuisé ses effets sur mon égo narcissique! Petit enfant gâté bercé trop près du mur facebook, j'ai la défaite amère ... je n'ai su sortir ni du peloton du dimanche matin ni de celui des réseaux sociaux ...  et mes tenues fashion dernière mode ne font guère plus de moi une icône du running ... Je suis une étoile noyée dans la voie Lactée un soir nuageux! Le plaisir et les endorphines? J'en suis immunisé, obnubilé que je suis par mes compte-rendus et selfies obligatoires post-séances! Le plaisir de se retrouver avec les "potes" aux courses le dimanche matin? Tu parles, un tas de débiles obsédés par les selfies et les perches qui vont avec! Le sens du dépassement? Mon œil, j'ai bien trop peur d'être pixelisé la gueule grande ouverte et le visage flasque! En fait je suis totalement perdu ...  Je n'épate plus personne avec mes sorties sous la pluie malgré le pathos dilué dans le néant cognitif des réseaux sociaux! Même mes amis IRL se lassent de mes apparitions stériles le samedi soir pour cause de course le lendemain matin à la fraîche. Mes voisins m'appellent Forest. Ma femme fait semblant de m'encourager mais pense au fond d'elle-même qu'autant d'investissement pour si peu de satisfaction (elle supporte mes frustrations), c'est la de douce folie onéreuse, coûteuse en monnaie sociale ... Je ressemble à ce que je critique! Je suis ce que j’abhorre ... #JesuisunHashtag 


Une passion du running qui encombre


Pour exister j'en suis même venu à publier sur ma vie professionnelle, sentimentale et consort! Chaque événement de ma vie suscite un désir quasi-irrépressible de partage Facebook et Insta ...Le selfie de ma ganache en sang avec #hashtag, émojis, pathos et supplément radiographies aux urgences m'a propulsé le temps d'une journée au hit-parade de la popularité sur quelques pages dédiées ... avant de retomber dans l'anonymat le lendemain ... gueule de bois!

 Et puis il y a l'autre et sa page Facebook nauséabonde qui se fout de ma gueule à moi! Il fait semblant de se moquer d'une abstraction, du runner 2.0 et désormais du runner 3.0 mais je sais qu'il parle de moi ... il m'épie et se joue de moi! Il me rend paranoïaque à décrypter mon hystérie histrionique et mon Narcissisme morbide ... Ce Joggeur qui râle est une créature de démon. Il souille mon oasis ego-numérique ...


Le blues du runner 3.0


Le pire c'est qu'il a raison. Je suis un runner 2.0 qui, face à l'évidence de ses turpitudes mute en 3.0 avec pleurniche, chantage et menace. Je suis un quérulent zébulon! Régis, Géraldine et Anthony se gargarisent de leur petit Moi numérique, mon petit reste de grandeur à moi m'incline à décliner l'apparat ... je quitte le web running pour de bon. J'arrête le running au moins quelques temps. Sans doute je reprendrai la course à pied, loin de tout ce cirque 2.0 abrutissant, matrice d'un déclin cognitif au service du marketing et de sa camelote, repère des égos malades et pathologiques, nœud gordien du trouble normalisé. Adieu l'histrionique, le narcissique, l'évitant hésitant qui mouille l'orteil dans la mer du Net ... Le running a fait de moi un runner 2.0 idiot et narcissique qui claudique ... La runningosphère est la béquille du runner 2.0 qui ne l'empêche hélas pas de boiter IRL suite à entorse mise en scène par selfie sur les réseaux sociaux. Un cercle vicieux ... Ce monde du running,  vecteur d'une pandémie psychopathologique aiguë. Soyez prudents et vaccinez vous: abonnez-vous à Le Joggeur qui râle #LJQR ...



Le Joggeur Qui Râle

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