ANOREXIE :: Diktat de la performance athlétique ?
- Le Joggeur Qui Râle
- 24 mars 2022
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 juin 2022
Faut-il être maigre pour courir vite et longtemps? La quête de performance athlétique est-elle la seule responsable de cette course aux kilos en moins ou se nourrit-elle de considérations sociales plus profondes? La littérature scientifique, entre idéologie et incertitudes, ne tranche pas vraiment.
Digressions ....

Propos liminaires
L'anorexie est un sujet sérieux à propos duquel nous ne revendiquons aucune expertise ni compétence en terme de "science dure". Aussi, nous nous contenterons - et c'est déjà sans doute trop pour certains - de gloser sur son volet social. Enfin, nous ne porterons aucun jugement esthétique sur ces silhouettes émaciées a fortiori quand celles-ci autorisent la performance et l’efficience athlétique (à quel terme?).
Empiriquement, l'athlète élite est light
Exit le baratin et la bienpensance qui tordent toujours plus le cou à la réalité. Qu'il soit est-africain, européen, asiatique ou nord-africain, l'athlète de Diamond League et autres joutes olympiques et mondiales affichent une silhouette sans kilos superflus. Le même constat s'impose à l'échelon local pour nos vedettes du dimanche matin. Telles sont les lois de la physique et de la biologie élémentaire ... Implacables et non-inclusives!
Aussi, les témoignages d'athlètes - souvent féminines (cela s’articulera avec nos second chapitre) - poussés à la maigreur extrême par leur coach ressortent ici et là afin de dénoncer cette inquiétante chasse aux kilos et ses dérives délétères. la victoire à quel prix?

La question sous-jacente qui terrasse le pathos inspirant du type #NoPainNgain et autres "quand on veut on peut" est la suivante: doit-on disposer d'un morphotype et d'un métabolisme inné pour aspirer au haut-niveau? Toujours ces nauséabondes lois biologiques! Satanée physiologie ...
Bien sur, à force de travail, de rigueur et de passion, le sportif élèvera son niveau, mais le plafond de verre ne sévit pas seulement au travail toi même tu le sais. Reste alors le lancé de poids et ton néo-statut de sauveur pour les Inter-Clubs ...
Socialement, l'athlète anorexique est fragile
Une fois que l'on a sorti du débat l'athlète pris en charge par un encadrement professionnel contestable (encore qu'en intégrant ces structures ... bref) demeure l'athlète isolé.e en quête de performance mais aussi, et de plus en plus surtout, de validation sociale ... Et c'est là que la confusion s'invite.
Le critique pourra à sa guise nous taxer de sexisme s'il lui en plait. Les troubles semblent concerner (ou alors le sujet est tellement tabou chez l'athlète masculin que les témoignages explicites comme implicites font défaut) essentiellement les athlètes féminines.
L'occasion selon nous de s'interroger sur la coexistence de ce trouble avec d'autres contraintes sociales et culturelles. Osons donc les gros clichés de l'athlète féminine soucieux de son apparence sur et en dehors de la pistes ...
Qualifier un constat de cliché permet de mieux le nier et donc de ne pas réfléchir pour toujours mieux s'aliéner ... on appelle cela le déni, lequel est souvent conforté par une cohorte de #Followers qui sont autant de pavés menant à l'Enfer.
En fouinant un peu sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram ...), on tombe rapidement sur ces nouvelles Instarunneuses à code promo nous dévoilant leur corps gracile entre deux #hashtags inspirants quoique déjà surannés ... Il faut vivre avec son temps dit-on et la communication moderne 2.0 autoriserait la mise en scène d'un soi réduit au corps. Admettons encore. Le contenu crypto-erotico-sportif dépasse cependant le cadre sportif pour habiter les scènes du quotidien. Ainsi la sportive se décline à la ville comme à la piste pour la plus grande joie du voyeurisme bienveillant et ses pouces bleus, kudos et autres cœurs de validation sociale.
Écartelée entre besoin vitale de performer et le vide existentiel d'un corps sans esprit, la sportive incarne la névrose moderne du hors-sol contemporain, terreau fertile aux troubles ... Et cela tombe bien, l'anorexie va permettre dans un terme court à moyen de s'affûter et de progresser ... Jusqu'au burn-out final.
« Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »
Repentie de SON trouble des conduites alimentaires (cf. DSM V | Troubles des conduites alimentaires et de l’ingestion d’aliments), la sportive s'expose aux risques de rechute sournoise en continuant malgré ce à s'exposer sur les réseaux sociaux en gesticulant sottement en prétextant un rôle plus ou moins fantasmé d'ambassadrice de la lutte contre les diktats de la maigreur, accusant maladroitement et "très dans le sens du vent" tantôt le patriarcat tantôt le ... patriarcat. Tous des ordures sauf papa!
La rémission n'est souvent que de façade et la course aux likes est la ruse de la récidive. Cruauté et déni ...
Célestin:
- "Mais tu délires, l'anorexie mentale existait bien avant l'ère des réseaux sociaux et de l'Internet!!!"
LJQR:
- " Tout à fait Célestin! Mais comme nous le précisions en propos liminaires, le sujet "pur" postule des connaissances que nous ne revendiquons pas! Aussi, nous ne discutons que des aspérités sociales 2.0 du sujet et armé de notre "expertise" à nous!"
En résumé, la performance athlétique postule une physiologie et une morphologie idoine, lesquelles ne vont pas de paire avec une IMC de joueur de bridge. Obsédé par la performance, certain.e.s athlètes franchissent a ligne blanche et sombrent dans une spirale et l'anorexie mentale. Ce n'est pas un sujet drôle mais sérieux qui mérite une approche davantage pragmatique que dogmatique. Aussi, les aspects sociaux et culturels du trouble peuvent cohabiter avec les ressorts athlétiques et complexifier l'approche par les spécialistes mais aussi et surtout par la victime. Le risque de ce déni - qui est désormais de plus en plus souvent une addiction aux réseaux sociaux et son système de gratification ...
Autre complice, les pseudos partenaires vendeurs de godasses que nous évoquions dans notre précédente chronique | Les #instarunners sont-ils en train de tuer l'athlétisme ? | et qui ont uberisé leur communication à travers les athlètes sur les réseaux sociaux, contraints "malgré eux" (si on considère ceux-ci comme aliénés) à toujours plus gesticuler, s'exposer et in fine à vivre à travers le prisme d'un public abstrait ...
Quelques liens pour comprendre ...
En accusant une abstraction, l'athlète de plus en plus névrosé.e et donc en comorbidité, inquiète et refuse de traiter la cause de son mal, bafouillant au micro sur les seules conséquences. Pire encore, elle gesticule toujours plus en singeant un épanouissement et un bonheur surjoués, reproduisant ses travers en pire! La chute n'en sera que plus lourde et la désillusion réelle, elle. Au milieu de ce magma, le #Follower amorphe est un complice affreux qui te tue mollement à coup de likes ...
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